Alertoplum

Apollinaire

 

 

blesse.1244275225.jpg

 

«A travers l'Europe» est d'une complexité exceptionnelle, dans la mesure où c'est le dernier des trois poèmes recueillis dans «Ondes», inspirés par des peintres. «Les Fenêtres», «Un Fantôme de nuées», et «A travers l'Europe» furent publiés, d'abord, en un peu plus d'une année, entre janvier 1913 et avril 1914. Chaque réflexion sur un peintre enrichit l'esthétique d'Apollinaire. Ainsi une étude des éléments qui composent son poème à Chagall semble exiger d'abord quelques références à des idées ou des influences qui remontent, à ses rapports avec Delaunay et Picasso...

 

A travers l'Europe...

 

Rotsoge
Ton visage écarlate ton biplan transformable en hydroplan
Ta maison ronde où il nage un hareng saur
II me faut la clef des paupières
Heureusement que nous avons vu M. Panado
Et nous sommes tranquilles de ce côté- là
Qu'est-ce que tu vois mon vieux M. D...
90 ou 324 un homme en l'air un veau qui regarde à travers le ventre de sa mère

J'ai cherché longtemps sur les routes
Tant d'yeux sont clos au bord des routes
Le vent fait pleurer les saussaies
Ouvre ouvre ouvre ouvre ouvre
Regarde mais regarde donc
Le vieux se lave les pieds dans la cuvette
Una volta ho inteso dire Chè vuoi
Je me mis à pleurer en me souvenant de vos enfances

Et toi tu me montres un violet épouvantable

Ce petit tableau où il y a une voiture m'a rappelé le jour
Un jour fait de morceaux mauves jaunes bleus verts et rouges
Où je m'en allais à la campagne avec une charmante cheminée tenant sa chienne en laisse
Il n'y en a plus tu n'as plus ton petit mirliton
La cheminée fume loin de moi des cigarettes russes
La chienne aboie contre les lilas
La veilleuse est consumée
Sur la robe ont chu des pétales
Deux anneaux d'or près des sandales
Au soleil se sont allumés
Mais tes cheveux sont le trolley
À travers l'Europe vêtue de petits feux multicolores

 

ANADIPLOSE avec un vers d'Apollinaire extrait de "A travers l'Europe"

"Regarde mais regarde donc!"
Donc Hornicar regarde:
"Garde à vous", lui dit
Didon, reine de Carthage.
"Ah! Je n'en puis plus:
plusieurs étrangers sont passés;
c'est pas bien de me quitter!
Taisez-vous!" dit Didon.
"Dis, Didon, tu exagères!
Regarde, mais regarde donc!"


"Doncières, tout le monde descend!"
"Sans vous ma chère, je dois m'en aller"
"Allez-y, je vais préparer un bûcher
Chez moi à Carthage en souvenir d'Enée"
"N'essayez pas! Vous brûleriez d'amour"
Mourir d'amour, ça ne marche qu'une fois
Foi de Didon que tu regardes...
J.B

________________________________________________

 

Ce petit tableau où il y a une voiture m'a rappelé le jour

Le jour triste où l'auto m'a fauché dans la nuit

d'ennuis venant ici me suivre tour à tour

tournant dans le virage d'un gris périférique

Eric m'ayant laissé après un soir de fête

Faites donc confiance à la vie sans destin

Tintin est sans Milou et je suis sans espoir

Poire de la vie vilaine qui m'a talée si fort

Forcément s'est inscrit l'histoire dans mon corps

Corpulent et bancal comme un vieux jouet nase

Nasillard un refrain me tourne dans l'esprit

Prix d'honneur au malheur prix d'honneur à l'envi

Vive la force brute, l'instinct, aveugles énergies

Gisant dans le rebord d'un trottoir assassin

Simplement devenu le reflet de moi-même

Aimant encore la vie malgré ses tours de con

Complètement dévié, Oublier ? Il ne se peut...

Ce petit tableau où il y a une voiture...

MO

________________________________________________________________________________

 

Où je m’en allais à la campagne, pagne à fleurs et roudoudous, doux songes creux et  comptines aux lèvres, lèvres de miel suave, suave jour d’été , été d’ivoire et de dentelles, dentelles du soir, soir de bonheur, bonheur d’aimer, aimer encore, encore sans savoir jusqu’où

 

Où je m’en allais à la campagne, pagne à fleurs et roudoudous, doux comme fourrure de lapin, pain de mie, mi-mollette sortie de la cave, cave à vins où le dimanche la famille descendait, dés de jeu, jeux d’eau et chevaux de course, course à pieds pour les traînards qui préféraient blottis devant la cheminée siroter un pastaga- maison, maison qui si vous n’y preniez garde vous emmenait loin, loin de chez vous, mais où ?

_______________________________________________________________________

Et toi tu me montres un violet épouvantable
Epouvantable couleur évoquant des souvenirs
souvenirs mélancoliques et obscurs
Obscurs matin de cet été
Eté sans fin, été chagrin
Chagrin inconsolable de l'amour
amour enfui, amour perdu
perdu sans espoir de retour
retour vers toi si tu le veux
veux-tu rêver de couleurs
couleur d'espoir, couleurs d'amour
amour, ne me montres plus un violet épouvantable.
M.M

L.N


Site créé gratuitement grâce à OnlineCreation.me

Design by Graph&Art - Tous droits réservés