Alertoplum

ATELIER PEREC

 

  la Bibliothèque nationale de France publie Portrait(s) de Georges Perec, sous la direction de Paulette Perec

- un livre magnifique et nécessaire

88888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888                  

« Tu as un mot sur le bout de la langue ? Lequel ? Raconte ? »

 

Je ne me souviens jamais de ce mot-la. Voyons c’est le fait de lancer sur l’eau un galet rond et plat à la surface d’un plan d’eau, un étang par exemple. C’est joli, le bruit, la chose, l’éclat du soleil, ça se répercute en écho jusqu’au fin fond du silence en éclaboussures dynamiques. Mais bon sang…comment ça s’appelle ? C’est finalement ce galet rond qui colle a ma langue et refuse de sauter, de tressauter, de rebondir, de ricocher… Ricocher ! Ca y est, j’ai retrouve ce mot qui m’échappait, embusqué dans un méandre de ma rivière mémoriale… Ce qui est assez logique, en ce moment, ma pensée a la légèreté du caillou.

Mo

 

j ai sur le bout de la langue un mot piquant. c est le piment et un souvenir cuisant quand je le pris pour ce qu’ il n’était pas,  inoffensif poivron.

j’ai sur le bout de la langue le mot piment qui enfile en ribambelle sur des cordelettes, mis a sécher, il fait chanter dans ma tête chaleur et soleil.

j’ai sur le bout de la langue le mot piment dont le rouge tranche sur le blanc de la chaux ou le noir d une poutre et me fait chaud aux yeux et au cœur.

j ai sur le bout de la langue le mot piment. il me fait voyager du cote du pays basque quand il est d’Espelette et que j’en saupoudre différents plats et bien plus loin dans les suds ou son usage  incontournable est quotidien

j ai sur le bout de la langue le mot piment  il m embarque en pays de poésie lorsque je me dis tout bas le poème de J. Prévert  intitule " dans ma maison". que de chemins parcourus grâce au piquant du  piment .

Mariette

J’ai toutes les lettres L U M I E R E sur le bout de la langue. Lumière, oui, je te cherche, je m’impatiente, je regarde ces gris, ces noirs profonds, ces bruns immondes. Le ciel n’en finit pas de nous jouer tous les accords du gris, du gris mitigé au gris sale, ne laissant pas la moindre chance au plus discret rai  lumineux. Même une bougie n’y trouverait pas sa place. Seul un éclair inattendu perce ce rideau. Un sourire m’éclaire enfin. Lumière.

 

Marie Madeleine

 

Ce matin en me trouvant devant la glace pour me refaire pour la journée une tête à peu près présentable, j’ai constaté avec horreur que, durant la nuit, deux lettres avaient commencé à pousser sur le bout de ma langue. A 7h 15, heure à laquelle le rasoir entre en action, deux petits C suivaient à la ribambelle. A 7h30 après avoir avalé un chocolat je suis retourné me laver les dents. Ce n’étaient pas deux C mais un C et un O. Que faire ? L’étrange phénomène ne pouvait passer inaperçu. Dès que j’ouvrais la bouche les deux lettres sortaient comme un diablotin de sa boite. Cela allait-il continuer ?

Quand j’arrivai au collège, je me gardai bien de saluer personne, ce qui n’était de toute façon pas vraiment un problème puisque personne ne répondait jamais et que l’on pouvait aussi bien saluer la machine à café ou le porte-manteaux. Je filai aux toilettes et ouvris la bouche. C’était le mot CON qui pendouillait sur ma lèvre inférieure. En sortant je tombai nez à nez avec Madame la principale suivie comme son ombre par son acolyte. J’esquissai un large sourire sans aucun scrupule.

 

Olivier

 

-           Viens là, il faut que je te parle.

-           Ah bon, qu’as-tu à me dire ?

-           Quelque chose d’une extrême importance ; ça fait des mois que je veux te le dire.          Aujourd’hui, le moment est venu.

-           Je t’écoute…

-           Tu ne peux pas m’aider un peu…Sois moins solennel, moins grave. Tu sais, je suis déstabilisé. Ce sera bref…mais…tu dois m’aider. Je ne veux pas me tromper. J’ai peur de ne pas trouver le mot juste. J’ai un mot sur le bout de la langue…

-           Ouvre la bouche pour voir si je l’aperçois…

-           Pourquoi te moquer de moi ? Tu ne m’aides pas. Je t’ai dit que c’était important.

-           Qu’est-ce que tu veux à la fin ?

-           Te dire ce que j’ai sur le bout de la langue. La panique paralyse ma pensée…

-           Tu me fatigues ! Je te quitte !

-           (Seul) ça y est, j’ai retrouvé ce que je voulais lui dire, c’était « Je t’aime. »

Jean-Baptiste

8888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888

Après l’inévitable lipogramme ou texte avec la disparition,de la lettre « I » ou « O », Ecrire un « je me souviens » à la Pérec avec 10 propositions en tirant 10 mots au sort

JE ME SOUVIENS ....

 

Je me souviens d’avoir ouvert les placards après la mort de ma tante Roberte. Nappes, napperons et serviettes me sont tombés dessus. Elle adorait commencer ces ouvrages de dames mais n’avait jamais le courage de les finir.

Je me souviens d'une petite poupée en chiffon à coudre et à fabriquer soi même....

J’avais promis une poupée à ma fille si elle ne pleurait pas pour son vaccin. Je n’ai trouvé qu’un petit baigneur de trois francs six sous. Elle a accepté le cadeau sans rien dire, après tout elle avait pleuré quand même.

Je me souviens de cette chambre de mon enfance que je partageais avec ma sœur, maintenant décédée.

Je me souviens d’une chambre d’amour. (Et vous n’en saurez pas plus)

Je me souviens d’une grosse théière anglaise en forme de chaumière avec un gros toit rose. Elle crachouillait toujours de côté, elle a fini en décoration sur le sommet du buffet.

Je me souviens d’une porcelaine décorée de fleurettes que ma chatte, très sélective en la matière poussa élégamment par petits coups de pattes successifs, les yeux plantés dans les miens.

Je me souviens des petits chats qui vivaient chez l'ex mari de ma tante... Je m'amusais, petite, à les lancer comme des ballons pour les  voir retomber sur leur pattes! C'est l'ex mari que j'aurai dû jeter en  l'air.....

Je me souviens jouer à chat-bisous dans la cour de l'école...

Je me souviens du piolet que Tintin utilise.

Je me souviens d’une photo où un alpiniste campait fièrement sur le toit du monde, son piolet fiché dans la glace

Je me souviens d’une broche, un petit piolet en ivoire que mon grand-père autrichien portait au revers de son vieux gilet gansé.

Je ne me souviens d'aucun piolet, cet objet ne fait pas partie de mon histoire mais je l'invente pour m'aider à gravir la montagne de ma  vie....

Je me souviens, quoiqu'assez mal, de la maison de vacances louée l'été de mes sept ans dans un village provençal. Installé sur le genre de piton que les prospectus de voyage associent toujours à un piolet, il était resté si inaccessible aux voitures, d'ailleurs rares à l'époque, qu'on m'envoyait sans crainte faire seule de menues emplettes à l'unique épicerie-boulangerie-quincaillerie.

Je me souviens du hameau ardéchois où je passais de chouettes vacances.

Je me souviens d’ un stage de poésie en Ardèche. Le poète fou nous enfermait des heures dans la cave de pierre sèche pour que l’inspiration nous prenne. Ma copine pleurait tous les soirs dans sa chambre…

Je me souviens d’un petit bijou trouvé dans la rue et qui m’a fait bien plaisir.

Je me souviens de ce bijou de famille, un collier de perle je crois, qui a été offert à ma première belle sœur le jour de son mariage. Ce jour là, j'aurai tué ma mère!

Je me souviens de la belle bague à pierre noire que Madeleine m’avait offerte pour mon anniversaire. Je l’ai donnée au gentil Samy qui me tenait la main sans faiblir sur le périphérique pendant qu’on attendait les secours. C’était un joli souvenir pour la femme qu’il aimait. Je lui en ai fait cadeau de grand cœur mais, mais … maintenant, je la regrette un peu…

Je me souviens de ma mère mettant à tremper son collier de perles dans un mélange d’eau et d’ingrédients mystérieux pour redonner un bel éclat aux perles.

Je me souviens de la boite de bijoux cassés que ma mère cachait dans son armoire Quelquefois elle me laissait jouer avec. C’est cette boite-là que j’aurais voulu recevoir en héritage.

Je me souviens de cette amie qui contourna, affolée, une échelle me suppliant de ne pas passer dessous et moi lui répondant que je n’étais pas superstitieuse, vu que ça porte malheur !

Je me souviens de la belle image de Jacob grimpant à son échelle, peinte par Chagall.

Je me souviens que mon dernier psi, ours mal léché et inefficace s’appelait Jacob. On n’arrivait pas chez lui par une échelle mais par un escalier sombre  jamais balayé.

Je me souviens de cette échelle de pompier à laquelle on me proposa de grimper quand j’étais secouriste. J’ai carrément refusé.

Le voisin du dessus, enfermé dehors, a sonné à la porte, traversé mon salon une échelle sous le bras et a filé sans me dire pourquoi sur ma terrasse pour réussir à pénétrer chez lui grâce à cette échelle. Pas un bonjour, pas un merci. J’en suis restée baba !

Je me souviens des chats bâtards qui faisaient éternellement  la sieste, enroulés sur eux-mêmes et je me souviens du bijou doré de leurs yeux liquides, de leur air surpris, offensé, lorsqu'ils se réveillaient à mon passage, ou, dérangés dans leur toilette, ils s'interrompaient de se lécher le sexe.


Je me souviens de ce sexe noir aperçu dans les rues de Fouras...  J'avais 13 ans et j'attirai tous les exhibitionnistes .... Mais ce souvenir, est-il réel ou fantasmé...?

Je me souviens qu'on a voulu m'échanger contre 13 chameaux.... C'est  beaucoup ou pas?????

Je me souviens de l'épicière, une carrure, forte en gueule comme en seins, un vrai chameau avec les estivantes, qui venaient, suspicieuses, choisir des haricots verts "sans fil" ou du jambon "sans phosphates", couvrait les enfants de mots doux, caresses, et d'une variété minuscule de bonbons à l'anis que je n'ai jamais retrouvée depuis nulle part et qu'elle tirait d'un sac en papier brun d'au moins dix kilos.

Je me souviens avoir refusé de manger de la viande de chameau à Tozeur, pas pour le goût mais pour la bête que j’imaginais.

Je me souviens d’un livre « Kohab le chameau bienheureux » je m’en souviens d’autant mieux que c’est moi qui l’ai écrit.

Je me souviens du livre de Suskin « Le Parfum » qu’on a fait circuler dans toute la classe tellement il nous plaisait.

Je me souviens que chaque fois que j’entrais dans la salle de lecture de la bibliothèque ça sentait la courgette. Soit il existait une cantine à côté soit la colle des livres sentait les cucurbitacées.

Je me souviens, le souffle court, la bouche pleine, qu'ayant pensé au pain j'avais, comme c'est bête, oublié le lait, puis, un quart d'heure plus tard, qu'ayant rapporté le lait, je filais chercher le beurre, quelle étourdie je fais. Et je retournais ainsi, roulant sans fin mon euphorie, comme une pierre transportée d'aise par la loi de gravitation universelle, vers une nouvelle tournée d'amour inconditionnel et de sucreries.

Je me souviens de cette longue file d’attente, ticket de pains à la main…

Je me souviens de ce pain que j’allais chercher immanquablement à 19 h pendant les répétitions de l’opéra de 4 sous.

Je me souviens de ces petites boules de mie de pain qu'on accrochait  au bout de l'hameçon, en Dordogne dans une réserve à  truites.... J'adorai ces moments heureux en famille même si c'est mon frère qui attrapait toujours plus de poissons!

Je me souviens du poisson rouge dans son bocal qu’Adam fixait sans arrêt. Quand je lui demandais pourquoi, il a répondu : j’attends qu’il meure.

Je me souviens de ce poisson rouge qu’on appelait Arthur et qui mourut le jour de Noël, lors de la grande tempête de 1999.

Je me souviens de ce coquillage dans lequel mon arrière-grand-mère nous disait qu’on pouvait entendre la mer.

Je me souviens de cette photo d’ancêtres palois et de cette arrière grand-mère que je n’ai pas connue mais qui levait sa jupe dans la rue pour uriner.


Je me souviens d'une bouteille de vodka bue, en cachette, dans ma chambre, avec mon amie Meriem... Je me souviens mais je ferai mieux d'oublier !

Je me souviendrai longtemps du distributeur automatique de petits flacons d’eau de Lourdes. Le miracle éventuel ne coûte qu’un euro.

Je me souviens de cette bouteille d’eau que j’offrais aux randonneurs avec ma sœur pour jouer aux marchands.

Je me souviens d’une bouteille d’alcool de poire dans la quelle il y avait un grosse poire joufflue. Comment y était-elle entrée ? C’est un des plus grands mystère que j’ai eu à élucider.

Je me souviens que mon beau-frère, en arrêtant son chien sur le bas côté de la route pour un petit pipi, a découvert un énorme cèpe, assez gros pour parfumer l’omelette du soir. Merci le chien.

La première fois que j’ai fait tremper des champignons vietnamiens ils ont doublé de volume et ne tenaient plus dans le petit bol. On aurait dit de grosses algues maléfiques. J’ai tout jeté.

Je me souviens de l'odeur de la maison des stroumpfs, son toit en  forme de champignon rouge était amovible et sentait fort le  plastique... Elle n'était pas à moi mais a mon petit frère.... 

Je me souviens du temps où les garçons, amateurs de jeux de rôle, dépensait tout leur argent de poche en monstre de plastique et en gargouille de plomb.

Je me souviens des gargouilles effrayantes de la cathédrale de Strasbourg.

Je me souviens de cette gargouille au sommet de la cathédrale de Nevers qui me crachait dessus les jours de pluie quand j’allais à l’école.

Je me souviens des gargouilles de l'église de Saint Quentin, dans le  nord, ville d'où est originaire un ancien amoureux. Il était beau, avec une peau d'ébène  mais il avait un prénom dd vieux pépé.....

Je me souviens du prénom de mon premier copain à l’école maternelle : il s’appelait « cierge ». Je supposais que c’était à cause de ça que les bonnes sœurs l’adoraient.

Je me souviens du petit Jésus en cire dans le globe de verre. Quand on l’a posé sur la cheminée, il a fondu. Il est devenu unijambiste.

Je me souviens de cet instant sublime où nos regards se croisèrent pour aller se poser ensuite sur cet étrange papillon bigarré qui se glissa entre nos regards.

Je me souviens de cet atelier d’écriture que j’avais fait tourner autour du budhleia ou arbre à papillons, je ne peux pas en voir un dans un jardin ou au bord d’une route sans penser à ce moment-là.

Je me souviens qu’il mettait toujours son tee-shirt blanc immaculé chaque fois qu’il lisait son journal dans le jardin. Il disait qu’il y avait toujours le même papillon à venir grimper sur son épaule pour lire les nouvelles avec lui.

Je me souviens du vendeur africain à la sauvette qui m’a fait cadeau de trois affreuses tortues de bois rouge vernis. Elles font la joie de mon petit-fils.

Je me souviens d’une tortue carnivore baptisée Nono.

Je me souviens de leurs tortues, carapaces au vent, dont ces gens-là étaient tellement fiers qu’il fallait user de subterfuges pour parler d’autres choses.

Je me souviens de ma tortue sauvage trouvée dans la garrigue prés du Lavendou. On l’a appelé Joséphine et installé dans notre jardin. Elle a bouffé toutes nos laitues.

 Je me souviens d’une broche en émail et corail représentant une tortue. C’est ma patronne qui me l’avait offerte. Incapable de remettre la main dessus !

Je me souviens, je me souviens...et puis mon père, lui, ne se souvient plus de rien...


Œuvres complètes de Georges Perec

Ecrire un texte contenant un maximum de titres écrits par Pérec :

MO

C’est en lisant un Petit traité invitant à la découverte de  l’art subtil du go que je suis né. Je me souviens parfaitement de l’effet produit par le jeu de go : ce furent d’abord des ulcérations et des céphalées telles que j’en vins à me demander quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour (j’appelle cour ma tête et jardin mes pieds) pouvait bien faire des allers-retours permanents. J’en perdis le sommeil, alors même que depuis cette semaine où j’avais fait 124 rêves, on m’avait rapporté que j’étais surnommé dans l’immeuble l’homme qui dort. Je me décidai alors à rejoindre la boutique obscure, où je pris une plume et commençai à écrire 176 onzains hétérogrammatiques. Cela me soulagea un peu mais j’éprouvai rapidement l’impérieuse nécessité de reprendre les alphabets de mon enfance. 53 jours durant, j’écrivis sans relâche dans ces espèces d’espaces du cabinet d’amateurs, dormant peu, mangeant encore moins. Mon entourage crut à ma disparition, jusqu’à ce que W. parlât : il connaissait bien l’art et la manière d’aborder son chef de service pour demander une augmentation et naturellement, il trouva en lui assez de courage pour révéler la destination de mon voyage d’hiver. What a man ! Je n’en étais pas à ma première tentative d’épuisement d’un lieu parisien et W. m’avait suivi dans plusieurs de mes pérec/rinations. Depuis ma découverte du jeu de go, j’ai appris à briser la clôture de l’infra-ordinaire, à réaliser mes vœux. Je sais désormais quelques unes des choses qu’il faudrait que je fasse et puis rêver à de nouveaux jeux intéressants comme les mots croisés.

J.B.


Un homme qui dort au fond d’une boutique obscure, poussiéreuse, entre capharnaüm et cabinet d’amateur. Un homme qui dort la tête posée sur son comptoir  à côté d’un livre ouvert. Voilà ce dont je me souviens toujours quand je pense à  W. Ou le souvenir d’enfance me trahit, comme nous trahit toujours la tentative d’épuisement d’un lieu, parisien ou pas,( celui-là l’était, nous habitions rue Vilin), lorsque nous en tentons la reconstruction. Tout souvenir ne renvoie-t-il pas à d’autres choses que lui-même, concentrant dans son propre lieu la somme de ces espèces d’espaces flous qui constituent notre mémoire, que traversent sans fin des images furtives jamais revenentes ? (Souffrez que je me passe ici du a, pour trouver rime à lentes , mentes et  attentes, car si lentes ô combien lentes sont à subir l’attente et la disparition et  si violent le mensonge de qui nous promet résurrection.)

Peut-il encore, cet homme endormi, continuer à  penser/classer comme dans sa vie diurne de bouquiniste ? De quels récits d’Ellis Island, histoires d’errances et d’espoir, est-il le héros ? Ou bien est-il hanté par le vrombissement las de mots croisés et recroisés entre eux, tissant à l’infini l trace immatérielle de leur propre disparition? Peut-être est-il redevenu enfant. De quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour,  rouge comme celui sur lequel il a appris à pédaler à cinq ans, peut-il rêver ? Un sourire se dessine sur ses lèvres endormies. Premier pédalage en roue libre  les mains levées ? Ou bien, il a douze ans, se forge des mollets de rêve en sprintant tous les soirs le long des fortifications pour battre les records de Louis Aimar, triompher un jour au Vél’Hiv ?

Il ferait mieux de s’y préparer l’âme. Car il en sera du Vel-Hiv, oh oui, il en sera. D’autres y  veilleront, d’abord  à sa clôture (et autres poèmes, la captivité n’est rien, pensez soif vacarme  puanteur panique etdésespoir). Et de là il accomplira ce long voyage d’hiver en direction de l’étoile polaire, celle dont il a cousu hier soir, confiant, honnête, obéissant, l’effigie sur son manteau.

Car cet homme qui dort, le nez dans un livre, ensuqué par l'opium des alphabètes, n’a jamais rien su de la vie, mode d’emploi.

Dans les Récits D’Ellis Island, Je me souviens très bien d’Un Homme qui dort après avoir soigné ses Ulcérations suite à une chute de vélo. Le sous-titre de ces Récits m’avait enchantée : La Vie mode d’emploi.

En effet, un matin d’octobre, alors qu’il voulait effectuer une course, en descendant de son appartement dans la cour de son immeuble parisien , il avait regardé les vélos suspendus et s’était demandé Quel petit vélo à guidon chromé au fond de (sa )cour pouvait bien être le sien ? Il avait longtemps cherché, questionné fébrilement chaque guidon jusqu’à la Tentative d’épuisement de (ce) lieu parisien qu’était cette cour, sa cour. Il éprouvait le besoin immédiat de son vélo car ce jour-là, notre homme avait décidé de se rendre à La Boutique obscure, (ses) 124 rêves, pour y trouver un titre de roman que lui avait chaudement recommandé un ami : Les Revenentes. Je me souviens encore de sa Tentative d’épuisement de (ce ) lieu parisien, pour en découvrir toutes les Espèces d’espaces que seul un spécialiste des Mots croisés comme lui était en mesure d’apprécier, boutique qui ressemblait davantage à Un Cabinet d’amateur qui aurait réuni entre autres ouvrages excentriques : toutes sortes d’Alphabets, le rarissime et désormais introuvable : La Clôture et autres poèmes avec le Petit traité invitant à la découverte de l’art subtil du go. Mais à force de chercher avec autant de fébrilité, il était arrivé et ce sont là Les Choses de la vie, que notre homme fut victime de La Disparition de la rue dans le gouffre infernal et imprévisible d’un effondrement de terrain soudain.

Pour lui rendre hommage, ses amis s’étaient réunis et avaient composé son tombeau sous la forme d’un ouvrage posthume dédié à W ou le souvenir d’enfance car en disparaissant si soudainement et de façon presque énigmatique, l’homme avait davantage laissé le souvenir d’un grand enfant que celui d’un érudit.

Magali

 

Le Portulan

Ecrire un texte, ayant ce titre, contenant ces 10 mots s extraits des « choses » de Georges Perec : 

                         Twin-Set, Elzévir, Gargoulette, Ponceau, Remugle, Circadien, Diptyque, Gloriette, Oriflamme et Haïk.

 

 

 

 

 

 

Twin-Set : pull-over et cardigan assorti

 

Elzévir : caractère d’imprimerie

 

Gargoulette : vase poreux qui maintient les boissons fraiches

 

Haïk : long pan de tissu dans lequel les femmes arabes se drapent

 

Ponceau : couleur du coquelicot

 

Remugle : odeur désagréable de moisi, de renfermé

 

Circadien : rythme d’environ 24 heures

 

Diptyque : tableau pliant formé de deux panneaux

 

Gloriette : petit pavillon de verdure dans un jardin

 

Oriflamme : petit étendard

 _____________________________________________________________________________

What a man !

Smart à falzar l'alpaga nacarat, frac à rabats, brassard à la Franz Hals, chapka d'astrakhan à glands à la Cranach, bas blancs, gants blancs, grand crachat d'apparat à strass, raglan afghan à falbalas, Andras MacAdam, mâchant d'agaçants partagas, ayant à dada l'art d'Allan Ladd, cavala dans la pampa.
Passant par là, pas par hasard, marchant à grands pas, bras ballants, Armand d'Artagnan, crack pas bancal, as à la San A, l'agrafa. Car l'an d'avant dans l'Arkansas...
FLASH-BACK !

Texte original de Pérec "traduit" par les plumes.

Une sacrée rencontre

Andras Mac Adam se leva ce jour-là d’humeur batailleuse, la houppette en épi qu’il dissimulerait sous sa casquette rembourrée des jours de grève. Les pieds crispés sur le carrelage, il enfila ses boots vert pomme puis se ravisa : avec sa casquette et ses boots vert pomme, il demeurait nu. Difficile de sortir dans cet apparat. Il désenfila ses boots, se moula dans son falzar  blanc d’alpaga qui faisait blêmir vieilles dames et minettes, mit sa chemise à jabot, une épingle de strasse qui figurait un aigle aux ailes déployées, ajusta son manteau gris d’astrakan, noua une écharpe de laine grand teint, avala trois gommes au goût de pâte d’amande, prit ses gants blancs et ficha le camp dans la campagne, à cheval sur son dada. Le Mac Adam avait fière allure même si sa vêture n’offrait aucune commodité pour cette randonnée équestre. Toutefois, les rênes tenus fermes, les talons de ses boots vert pomme aiguillonnant la bête, il se hasarda  au gré de sa jument, dans un chemin creux, herbeux que sa monture avait choisi par gourmandise.
Abrité du vent, ce chemin désert donna l’impression à Mac Adam qu’il finirait sous Terre

Curieusement, à peine avait-il trottiné cinq cents mètres que tout à trac, il reconnut sa vieille connaissance de Santa Fé, Armand d’Artagnan, en réalité, son plus vieil ennemi. C’est pour une dette de jeu contractée dans l’Arkansas, jamais honorée que Mac Adam avait pris la fuite. Et là, en un éclair, un flash-back lui remit tout en mémoire :« Si t’aboules pas le fric dans les 5 jours, Mac Adam, je te troue la peau avec mon sifflard » avait éructé le très digne et très furieux Armand d’Artagnan. Et comme à l’époque, Mac Adam n’avait pas le premier kopeck de cette dette, il avait filé ventre à terre de l’Arkansas se réfugier dans sa Normandie profonde. Et manque de bol ! C’est le dernier lieu où il airait songé être rattrapé par son vieil ami Armand d’Artagnan.   

_L.N_________________

Extrêmement chic  dans son pantalon en velours azuréen, habit travaillé,
manches en dentelles rappelant les peintures hollandaises, coiffé d'une
toque en vison, mollets enserrés dans des jambières pastel, mains
gantées de bleu, sur sa poitrine une décoration brillant de mille feux,
et jetée sur ses épaules une ample pèlerine des seigneurs du désert,
Hector de la Courtrie, suçotant d'éternels carambars, chevauchant son
canasson à la manière d'un Lucky Luke, parcourrait la campagne. Soudain,
ça n'était pas fortuit,  allant à vive allure,  main dans les poches,
Tancelin de Lauris, mec original et bien solide, dieu du aplus, le
happa. En effet précèdemment à la foire de Trifoullis ....

M.M_______________________________________________
       


Site créé gratuitement grâce à OnlineCreation.me

Design by Graph&Art - Tous droits réservés