Alertoplum

ATELIER PROUST

 

Nom de naissance

Valentin Louis Georges Eugène Marcel Proust

Naissance

10 juillet 1871
Paris, France

Décès

18 novembre 1922 (à 51 ans)
Paris, Enterré au Père Lachaise

Distinctions

 Prix Goncourt 1919

 « Vers 7 heures et demie arrivait chez Weber un jeune homme pâle, aux yeux de biche, suçant ou tripotant une moitié de sa moustache brune et tombante, entouré de lainages comme un bibelot chinois. Il demandait une grappe de raisin, un verre d’eau et déclarait qu’il venait de se lever, qu’il avait la grippe, qu’il s’allait recoucher, que le bruit lui faisait mal, jetait autour de lui des regards inquiets, puis moqueurs, en fin de compte éclatait d’un rire enchanté et restait. Bientôt sortaient de ses lèvres, proférées sur un ton hésitant et hâtif, des remarques d’une extraordinaire nouveauté et des aperçus d’une finesse diabolique. Ses images imprévues voletaient à la cime des choses et des gens, ainsi qu’une musique supérieure, comme on raconte qu’il arrivait à la taverne du Globe, entre les compagnons du divin Shakespeare. Il tenait de Mercutio et de Puck, suivant plusieurs pensées à la fois, agile à s’excuser d’être aimable, rongé de scrupules ironiques, naturellement complexe, frémissant et soyeux. »

Léon Daudet, Salons et Journaux, chap. IX).

Œuvres

À la recherche du temps perdu

L'œuvre de Marcel Proust est une réflexion majeure sur le temps. Dans la « Recherche du Temps Perdu », le temps n'existe ni au présent, ni au futur, mais au seul passé, dont la prise de conscience est proche de la mort. La descente de l'escalier de Guermantes au cours de laquelle le Narrateur ne reconnaît pas immédiatement les êtres qui ont été les compagnons de sa vie symbolise l'impossibilité qu'il y a à voir le temps passer en soi comme sur les autres. On garde toute sa vie l'image des êtres tels qu'ils nous sont apparus le premier jour et la prise de conscience de la dégradation opérée par le temps sur leur visage nous les rend méconnaissables. Seule la conscience du temps passé donne son unité au quotidien fragmenté.

 

 

 

Surnoms et pseudonymes

La mère de Proust lui donnait, enfant, des surnoms affectueux, tels « mon petit jaunet » « mon petit serin », « mon petit benêt » ou « mon petit nigaud ». Dans ses lettres, son fils était « loup » ou « mon pauvre loup ». Ses amis et relations lui attribuaient d'autres sobriquets, plus ou moins amicaux, tels que « Poney », « Lecram », «Abeille des fleurs héraldiques », « Flagorneur » ou  « Saturnien », Dans les salons, il était « Popelin Cadet », et ses dîners mémorables dans le grand hôtel parisien lui ont valu l'appellation de « Proust du Ritz ».

Dans ses écrits, Proust a souvent employé des pseudonymes. Ses publications dans la presse sont signées Bernard d'Algouvres, Dominique, Horatio, Marc-Antoine, Écho, Laurence ou simplement D.

 

 On utilise le verbe « proustifier » pour qualifier sa manière d'écrire. Essayons donc de « proustifier »

-          Soit en fabriquant des « paperoles » découpées, collées, corrigées, surlignées, complétées…

-          Soit en racontant une histoire par étapes successives, chacune de ces étapes apportant des précisions supplémentaires, destinées à enrichir le récit :

-         Elle est entrée dans la chambre;

-         elle est entrée à pas feutrés dans la chambre;

-         elle est entrée à pas feutrés dans la chambre, apeurée par l'idée de ce qu'elle pourrait y trouver;

-         en entrant à pas feutrés et hésitants dans la chambre, apeurée par l'idée de ce qu'elle pourrait y trouver, Constance se dit que…

En s'inspirant de cette façon de procéder, écrire une courte histoire en étapes de plus en plus riches de détails,  à partir de la phrase suivante, qui sera répétée (avec des modifications dans sa structure, si on le juge nécessaire) à chaque étape. Début imposé : La pièce était dans la pénombre :

 

La pièce du bout de la maison était plongée dans une pénombre terrifiante les jours d’orage violent, surtout ceux du mois d’août quand la pluie tombe dru et que le ciel est bas et noir exactement comme l’âme s’assombrit quand le chagrin nous mine et que tout espoir de percevoir une lueur salvatrice disparaît, et c’était pourtant le ciel déprimant qu’elle aimait contempler ces jours-là, elle fit un geste inédit : elle alluma la lumière.

J.B.

Comme la pièce était dans la pénombre, doucement elle enleva ses chaussons, sentit un petit frisson d’air frais, comme une caresse bienveillante qui l’accueillait avec une étrange douceur et qui l’invita à déboutonner son vêtement pour avoir la sensation de l’air sur toute sa peau dorée où apparaissait encore la morsure du soleil ce qui la poussa à se contempler dans sa psyché où elle trouva l’image tellement belle qu’elle se sourit et décida que Marcel, finalement, n’était pas assez bien pour elle, aussi se dirigea-t-elle vers son bureau où, toute nue, elle lui écrivit une lettre de rupture.

MO

En entrant à pas feutrés et hésitants dans la chambre, apeurée par l'idée de ce qu'elle pourrait y trouver, Constance se dit que décidémment ce parquet ciré, bien que lisse et doux comme un miroir n'avait pas perdu de sa nature indiscrète, fait de bois, donc fait de ces arbres, plantés, anonymes dans les forêts où bien sûr personne ne fait attention à eux mais ils sont le témoin des secrets des promeneurs irrascibles qui hurlent des injures au monde entier pensant que personne ne les entendra où jugent les étreintes et baisers chuchotants des amoureux apeurés qui s'appuient derrière leur tronc pour attiser puis éteindre leurs désirs et passions, et bien ce plancher, ancien bel arbre, beau chêne sylvestre faisait exactement la même chose que l'orsqu'il élançait ses branches hautes jusqu'à toucher le soleil, il était indiscret car il grinçait lamentablement, honteusement et ces craquements, c'est sûr, allaient réveiller sa mère et elle n'hésiterait pas à la questionner sur les raisons étranges qui la faisait marcher à petit pas dans la chambre du général, en plein milieu de la nuit...

MAELLE

_________________________________________________________________________Recette de la madeleine_____________________

 

 

 

 

 

 

 

 1. Dans un cul-de-poule réunir les jaunes d'oeufs et le sucre.

 

 2. Blanchir au fouet.

 

 3. Ajouter le beurre fondu.

 

 

 

 

 

 

 

 4. Battre les blancs en neige et les serrer avec un peu de sucre (une cuiller à soupe prélevée sur la quantité totale).

 

 5. Petit a petit incorporer la moitié des blancs en neige à la préparation.

 

 6. Procéder doucement et en soulevant la masse pour ne pas casser les blancs montés.

 

 

 

 

 

 

 

 7. Verser ensuite l'appareil obtenu sur l'autre moitié des blancs et incorporer comme précedemment.

 

 8. De la même façon incorporer ensuite la farine sans insister trop longtemps la aussi pour ne pas casser les blancs.

 

 9. L'appareil est pret à être versé dans les moules soit à la poche à douille soit à la cuiller.

 

 

 

 

 

 

 

 10. Vous pouvez utiliser des moules silicones.

 

 11. Ou des moules traditionnels en alu mais il faudra les graisser.

 

 12. 15 mn à 200°C selon votre four et c'est parfait ! On peut voir au premier plan les petites bulles et pourtant il n'y a pas de levure.

 __________________________________________________________________________________________________________________________________________________

 

 EXERCICE DE LA MADELEINE

 

Après avoir senti un plateau d’épices et de parfums, partir des émotions qui naissent des odeurs et retrouver un souvenir. En reprenant la trame de la madeleine de Proust (Du côté de chez Swann), insérer son texte dans celui de Proust.

 

Il y avait des années que je n’avais pas été immergé dans une symphonie olfactive. Que de notes, chacune si singulière, sur la partition du marché aux épices. L’odeur muscadée résonna en moi si profondément que je me revis devant ma préparation, la râpe à la main. Jeune chef d’orchestre, je suivais la recette au papier jauni qu’avait suivie ma mère avant moi : le jaune dominait, l’odeur des œufs, du lait et du fromage étaient bien trop ordinaires pour une première fois. Mon œil s’alluma ainsi que mon nez quand une pluie de muscade assombrit ma pâte et la fit mienne. J’enfournai mon soufflé. Incarcéré, il s’enorgueillit, dora et sortit de son moule ; c’était sans aucun doute la muscade qui lui interdisait tout conformisme. Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’immense édifice du souvenir.

J.B

 

Il y avait des années que cette odeur me poursuivait partout. Je n'arrivais pas à l'identifier, cette odeur d'herbe amère, de thym ou de sarriettes acides, de volonté de liberté et de fuite dans les herbages de montagne, de pommade médicinale, de benjoin, de lotion démodée et traînante dans les vieilles boutiques des coiffeurs de province. Elle me rappelait une émotion secrète, un évènement intime, une transformation corporelle. Je partais dans les nuées tremblantes d'un passé bouleversant quand cette odeur, brusquement, venait me visiter. Et c'est contre le corps de Pierre, oint d'huile essentielle d'arbre à thé pour lutter contre la maladie de peau qui lui gâchait la vie et qui transformait son torse magnifique de gladiateur en statue ancienne marquée par les affres du temps, que tout à coup, l'origine de l'odeur me terrassa : c'était la pommade à l'huile de marmotte avec laquelle maman me massait les jambes quand je pleurais de douleur... " Ce n'est rien. Tu grandis, disait ma mère..." En fait c'était le premier signe d'une maladie qui me cloua au lit pendant une année. Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’immense édifice du souvenir.

MO

 

Il y a déjà des années...C’est l’heure de la sieste , sous les pins. Une grande couverture aux couleurs rouges et violettes défraîchies protège des aiguilles qui jonchent le sol. Le dos épouse les errements du sol. Le soleil très haut dans le ciel tombe par taches brûlantes et au bord des paupières encore un instant entrouvertes une vague dentelle d’ombres pointues oscille et disparaît dans la pénombre. Alors avec les assauts du vent qui fait trembler les ombres, le soleil fait battre plus intensément le sang ....Entre veille et sommeil, l’oreille, avant de s’enfermer dans le silence, accroche dans ses filets toute la vie qui grouille alentours : les voix de la nature se répondent, les modulations parfois stridentes des oiseaux se déploient sur le grave tapis des rafales du vent. Parfois une vibration vient frôler l’oreille et la peau : les moustiques attaquent en rangs clairsemés et se régalent des rougeurs futures. Alors, se levant de l’odeur épicée des pins, une note de citronnelle puissante et agressive suspend le vol irritant. Cela agace quelques instants puis tout disparaît à pas feutrés. Je dors, souriant dans le soleil de mon dixième été.Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’immense édifice du souvenir.

OL

 

 

mots imposés
titre "l'homme qui..."

L’homme qui était très léger.
Je suis très léger, ce qu’il y a de plus léger au monde. Mon médecin pense que c’est parce que j’ai du diabète. En réalité, c’est parce que je suis un homme : quoi de plus léger qu’un homme…sauf quand il rencontre un mimosa ! J’adore cette fleur mais elle devient rare à cause de la politique internationale du gouvernement. J’ai même été appréhendé l’autre soir par les poulets et emmené au poulailler. J’ai pensé que c’était à cause de ma dernière peinture sur soie qui représentait un mimosa géant ! J’ai eu droit au détecteur de mensonges et à bien d’autres choses. J’ai compris que c’était moins mon dernier chef d’œuvre que ma légèreté qui gênait les autorités. J’ai demandé à voir ma dernière production pour obtenir ma libération. L’effet mimosa fut immédiat. J’étais devenu le plus lourd de tous les coqs, le prince du poulailler : c’en était fini de ma légèreté. Ma lourdeur était telle qu’elle en était devenue…insoutenable !

J.B

 

L’Homme qui prie est un fantôme enfermé dans un monde sans image et sans reflet des choses. On ne l’entend pas et il n’entend plus le ronronnement du détecteur de mensonges flagorneur et omnipuissant branché à plein tube dans notre société du spectacle tirée à hue et à dia par la politique internationale. Les ricanements du monde, semblable à ceux d’un poulailler géant se taisent tout à coup. Il invente un autre signe astral digne d’un horoscope chinois mêlé aux mythes du Népal, de la Grèce et de toutes les planètes de l’arrière monde. Il est sous le signe du silence, du sacré. Il n’est plus ce corps qui souffre de diabète, d’hypertension, d’asthme et de je ne sais quel cataclysme que les autorités médicales s’acharnent à détecter, quitte à le faire maigrir, quitte à n’écouter que le bruit de se corps souffrant, quitte à inventer tous les moyens possibles pour le faire taire. Il lutte pour garder en lui cette émanation de l’esprit, léger comme une branche de mimosa agitée par le vent. Il lutte pour garder en lui la gamme des tons surannés et subtils d’une peinture sur soie. Il veut protéger le trésor de l’originalité de son âme, cet homme qui prie, s’agenouillant sur son vieux tapis de prière déroulé en douce derrière l’autobus 80, sur la place de la Mairie du XVIIIème arrondissement où la foule s’agite et l’entoure, indifférente à cette étrangeté.

MO

L’homme qui aimait ... les poules

Chaque matin que Dieu fait, M. Léon, avant même de prendre son café, allait au poulailler respirer la fiente d’oiseau et contempler les plumes soyeuses de celles qu’il appelait ses filles. Aussi curieux que cela puisse paraître, M. Léon est un homme qui aime les poules, aussi bien le joyeux gallinacé que les poules plus luxueuses (je pense que nous nous comprenons, mais nous y reviendrons). S’étant assuré que la basse-cour n’avait perdu aucun de ses membres durant la nuit, M. Léon remontait dans sa chambre pour réveiller la Jeannine, la Paulette ou la Françoise, selon l’occasion, afin qu’elle lui préparât dans les plus brefs délais un petit déjeuner qui lui permît d’affronter avec suffisamment d’énergie la journée à venir. Pendant que l’on faisait amoureusement cuire ses œufs, M. Léon (Il faut ici préciser que Léon n’est qu’un nom d’emprunt. L’enfant avait été porté sur les fonts baptismaux sous le nom de Marcel. Il avait choisi Léon parce que cela lui rappelait le cri du paon, doux à ses oreilles, à les siennes seules) lisait la presse mais de façon assez expéditive, sa concentration ayant nécessairement besoin du frétillement des œufs dans la poêle pour se fixer. Il commençait distraitement par lire les articles de politique internationale afin de se donner une certaine importance et sautait aussitôt à son horoscope qu’il lisait avec l’attention la plus soutenue. Lavé, habillé et rasé, M. Léon retournait voir ses filles et s’adonnait à une des activités qui lui permettait d’entretenir une si nombreuse maisonnée. Si le brave homme consentait (avec réticence cependant) à vendre ses œufs, il n’avait jamais réussi à se faire à l’idée que l’une de ses poules pût finir dans les assiettes de gamins geignards. Avec un geste auguste de semeuse, il répandait le grain comme une pluie de mimosa et pendant que cela gloussait et picorait, M. Léon installait son chevalet et s’adonnait à son péché mignon : la peinture sur soie. Il tirait le portrait à chacune de ses poules. Selon lui, c’était bon pour son diabète.

OL

 

Proust a immortalisé, dans La Prisonnière,  ce petit pan de mur jaune : on expose des toiles de Vermeer à Paris, dont la Vue de Delft. Aux portes de la mort, l’écrivain Bergotte rassemble ses forces et se rend sur les lieux de l’exposition.

vermeer-delft.1283259056.jpg

Enfin il fut devant le Ver Meer qu’il se rappelait plus éclatant, plus différent de tout ce qu’il connaissait, mais où, grâce à l’article du critique, il remarqua pour la première fois des petits personnages en bleu, que le sable était rose, et enfin la précieuse matière du tout petit pan de mur jaune. (…) C’est ainsi que j’aurais dû écrire, disait-il. Mes derniers livres sont trop secs, il aurait fallu passer plusieurs couches de couleur, rendre ma phrase en elle-même précieuse, comme ce petit pan de mur jaune.

 

Le petit pan de mur jaune

 

Le petit pan de mur jaune. Marcel Proust, A la recherche du temps perdu (La Prisonnière, 1923)

Dimanche 8 avril 2009 après-midi, chez Anne.

 écrire ce que leur suggère la vision "d’un petit pan de mur jaune" à la manière de Proust, puis montrer la photographie du vrai tableau de Ver Meer sur lequel Proust écrivit.

 

                                  

 

        Allongé sur la méridienne du salon par ce moite après-midi de juillet normand, j’aperçois par la porte-fenêtre entr’ouverte, à demi-dissimulé sous les buissons blancs du seringat aux pétales d’ivoire qui imprègnent cette journée de leur arôme entêtant, assaillis d’abeilles frissonnantes de butiner les fleurs délicates, quadrillé à l’ouest par l’ombre projetée de la chaise-longue alanguie où Albertine me rendant  hier visite a oublié son foulard de soie grège, un petit pan de mur jaune.

       Mon regard bute dans le jardin sur ce rectangle que forme la tache ocre au grain de sable qu’accroche le soleil et glisse insensiblement vers la terre où d’équerre il se dresse comme  ultime limite de mon domaine, imposant à ma rêverie vagabonde un terme. Je cherche à esquiver ce pan, accroché aux buissons odorants, je chemine subrepticement vers la chaise-longue où je ré-installe Albertine dans sa robe d’été fraîche à grands motifs de fleurs roses, son chapeau de paille couvrant à demi sa chevelure déroulée en souples boucles serpentines que d’une main gourmande j’aurais volontiers lissées pour nourrir et relancer ma langoureuse songerie- que serais-je sans ces paysages intérieurs ?

    Un petit pan de mur jaune, Ô Albertine, sais-tu comme l’ocre de ce mur sied à ton teint, à ta taille élancée et aux souples arrondis de ta poitrine à peine soulevée ?

 Lise-Noëlle

 

Il était comme un soleil, comme une tarte aux abricots avec un velouté étrange pour ce crêpi provençal. Un peu duveteux, un peu tendre, le soleil changeait sa matière brute en un velours que l’on avait envie de toucher. Aucune ombre, aucun lierre n’osait l’atteindre. Il était comme un carré d’espace, tellement attisé par la lumière oblique qu’on en ignorait la fenêtre à meneau et la petite porte qui ressemblait à une porte dérobée.

Ce petit pan de mur jaune était ce que je voyais de ma chambre, blotti derrière les carreaux quand j’avais le courage de quitter mon lit pour regarder si le monde extérieur était toujours là. Ce rectangle était élémentaire mais je l’imaginais plein de trésors cachés, de mystères fondamentaux : une femme enceinte peut-être, recroquevillée sur la vie qui poussait en elle, un homme dans sa cotte bleue de travailleur en train de boire de l’eau fraiche, un joueur d’échec, un cheval couché dans le foin, une coque de navire en construction, un atelier de peintre amoureux de son modèle nu alangui sur un divan et je ne sais quel autre dessin mouvant sur cet écran, symbole pour moi de la vie qui continuait, quelque part pendant que je me bagarrais avec le haut mal.

Et puis enfin, un jour, j’allais mieux. Je restais plus longtemps à la fenêtre à fixer le petit mur jaune. Et vint enfin le jour merveilleux où, aidé par Léonie, dont la patience pendant ma maladie avait été admirable, je pus faire quelques pas à l’extérieur de ma chambre. Je lui demandais de m’accompagner jusqu’au petit mur. Je voulais le toucher comme preuve tangible de ma nouvelle espérance. Elle me prit le bras et me soutint jusqu’au bout du jardin. Je posais la main bien à plat sur le crêpi non sans penser que mon geste ressemblait à ceux des hommes préhistoriques laissant la marque de leur main dans les grottes. Je fus étonné par le grain du ciment dur qui me blessât presque la paume tant j’appuyai fort. Léonie me regardait faire, et me voyant tenir presque seul en appui contre le mur, elle prit un peu de recul, me regarda et me dit, songeuse : « Vous avez bien raison de le toucher, Monsieur, ce petit mur, car c’est un pan du monde ancien qui va bientôt disparaître. Ce vieil appentis de Joseph, le menuisier qui est mort la même année que votre père, et bien… la municipalité a décidé de le démolir à l’automne pour y construire un parking. »Un vertige me pris. J’allais guérir bientôt sans doute, j’allais pouvoir sortir mais avais-je vraiment envie de reprendre ma place dans un monde qui ne me ressemblait plus ?

Je revins doucement à ma chambre, soutenu par Léonie, et me venait sournoisement l’envie de ne plus me lever, jamais.

 

Mo


Petits papiers Proustiens

On écrit chacun à son tour un complément à la phrase de départ en réécrivant depuis le début à chaque fois

Il me semble avoir aperçu une ombre entre les arbres -

Il me semble avoir aperçu une ombre entre les arbres - quelqu'un se cachait mais pourquoi ? -

Il me semble avoir aperçu une ombre entre les arbres - quelqu'un se cachait mais pourquoi ? - cette ombre se faufilait depuis plusieurs jours

Il me semble avoir aperçu une ombre entre les arbres - quelqu'un se cachait mais pourquoi ? - cette ombre se faufilait depuis plusieurs jours au coucher du soleil dès que je fermais les volets,

Il me semble avoir aperçu une ombre entre les arbres - quelqu'un se cachait mais pourquoi ? - cette ombre se faufilait depuis plusieurs jours au coucher du soleil dès que je fermais les volets, je l'épiais à travers les interstices,

 

Il me semble avoir aperçu une ombre entre les arbres - quelqu'un se cachait mais pourquoi ? - cette ombre se faufilait depuis plusieurs jours au coucher du soleil dès que je fermais les volets, je l'épiais à travers les interstices, une mèche blonde accrochait une écorce

Il me semble avoir aperçu une ombre entre les arbres - quelqu'un se cachait mais pourquoi ? - cette ombre se faufilait depuis plusieurs jours au coucher du soleil dès que je fermais les volets, je l'épiais à travers les interstices, une mèche blonde accrochait une écorce et c'est à cette seconde que j'ai reconnu Guillemette, la maîtresse de mon père qui venait le voir en cachette, la garce !

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Il me semble avoir aperçu hier

Il me semble avoir aperçu hier en revenant de l'école

 

Il me semble avoir aperçu hier en revenant de l'école un chanoine traînant un âne

Il me semble avoir aperçu hier en revenant de l'école un chanoine traînant un âne avec une longue longue corde

 

Il me semble avoir aperçu hier en revenant de l'école un chanoine traînant un âne avec une longue longue corde qui étranglait la pauvre bête

Il me semble avoir aperçu hier en revenant de l'école un chanoine traînant un âne avec une longue longue corde qui étranglait la pauvre bête et pourtant le fardeau était sur l'homme,

Il me semble avoir aperçu hier en revenant de l'école un chanoine traînant un âne avec une longue longue corde qui étranglait la pauvre bête et pourtant le fardeau était sur l'homme, c'était un gros tas de fagots qui déséquilibrait sa marche hésitante sur le chemin

 

Il me semble avoir aperçu hier en revenant de l'école un chanoine traînant un âne avec une longue longue corde qui étranglait la pauvre bête et pourtant le fardeau était sur l'homme, c'était un gros tas de fagots qui déséquilibrait sa marche hésitante sur le chemin mais il préferrait souffrir que d'imposer cette charge à cet animal qui l'avait accompagné toute sa vie et qui s'apprêtait à rendre l'âme.

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Il me semble avoir aperçu

Il me semble avoir aperçu cette femme tout de blanc vêtue

Il me semble avoir aperçu cette femme tout de blanc vêtue s'enfuir en boitant sur la route,

Il me semble avoir aperçu cette femme tout de blanc vêtue s'enfuir en boitant sur la route, la pauvresse m'a fait de la peine...

 

Il me semble avoir aperçu cette femme tout de blanc vêtue s'enfuir en boitant sur la route, la pauvresse m'a fait de la peine...sa chaussure rouge n'allait pas avec le reste

Il me semble avoir aperçu cette femme tout de blanc vêtue s'enfuir en boitant sur la route, la pauvresse m'a fait de la peine...sa chaussure rouge n'allait pas avec le reste de la tenue d'infirmière trop grande pour elle,

Il me semble avoir aperçu cette femme tout de blanc vêtue s'enfuir en boitant sur la route, la pauvresse m'a fait de la peine...sa chaussure rouge n'allait pas avec le reste de la tenue d'infirmière trop grande pour elle, ce jeu sexuel imposé et malsain semblait avoir mal tourné

Il me semble avoir aperçu cette femme tout de blanc vêtue s'enfuir en boitant sur la route, la pauvresse m'a fait de la peine...sa chaussure rouge n'allait pas avec le reste de la tenue d'infirmière trop grande pour elle, ce jeu sexuel imposé et malsain semblait avoir mal tourné et soudain j'entendis : "coupez !"

________________________________________________________________________________________________

Il me semble avoir aperçu dans mon jardin

Il me semble avoir aperçu dans mon jardn un rouge-gorge pourchassé par un chat famélique et maléfique

Il me semble avoir aperçu dans mon jardn un rouge-gorge pourchassé par un chat famélique et maléfique au moment où je trébuchais sur une pierre

Il me semble avoir aperçu dans mon jardn un rouge-gorge pourchassé par un chat famélique et maléfique au moment où je trébuchais sur une pierre bienvenue pour suspendre la cause de ces visions

Il me semble avoir aperçu dans mon jardn un rouge-gorge pourchassé par un chat famélique et maléfique au moment où je trébuchais sur une pierre bienvenue pour suspendre la cause de ces visions provoquées par la prise inhabituelle d'un mets auquel on avait ajouté quelque poudre d'héroîne

Il me semble avoir aperçu dans mon jardn un rouge-gorge pourchassé par un chat famélique et maléfique au moment où je trébuchais sur une pierre bienvenue pour suspendre la cause de ces visions provoquées par la prise inhabituelle d'un mets auquel on avait ajouté quelque poudre d'héroîne

Il me semble avoir aperçu dans mon jardn un rouge-gorge pourchassé par un chat famélique et maléfique au moment où je trébuchais sur une pierre bienvenue pour suspendre la cause de ces visions provoquées par la prise inhabituelle d'un mets auquel on avait ajouté quelque poudre d'héroîne : le gâteau spécial (space cake) m'a accompagné dans ma chute

Il me semble avoir aperçu dans mon jardn un rouge-gorge pourchassé par un chat famélique et maléfique au moment où je trébuchais sur une pierre bienvenue pour suspendre la cause de ces visions provoquées par la prise inhabituelle d'un mets auquel on avait ajouté quelque poudre d'héroîne : le gâteau spécial (space cake) m'a accompagné dans ma chute et le chat et le rouge-gorge s'en sont régalé

Il me semble avoir aperçu dans mon jardn un rouge-gorge pourchassé par un chat famélique et maléfique au moment où je trébuchais sur une pierre bienvenue pour suspendre la cause de ces visions provoquées par la prise inhabituelle d'un mets auquel on avait ajouté quelque poudre d'héroîne : le gâteau spécial (space cake) m'a accompagné dans ma chute et le chat et le rouge-gorge s'en sont régalé et j'en fus hilare !

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Il me semble avoir aperçu .

Il me semble avoir aperçu la façade de l'immeuble escaladée par les nuages

Il me semble avoir aperçu la façade de l'immeuble escaladée par les nuages arrivant de nulle part

Il me semble avoir aperçu la façade de l'immeuble escaladée par les nuages arrivant de nulle part mais chargés de pluie,

Il me semble avoir aperçu la façade de l'immeuble escaladée par les nuages arrivant de nulle part mais chargés de pluie, de cette pluie grise semblant venir tout droit de la Tamise

Il me semble avoir aperçu la façade de l'immeuble escaladée par les nuages arrivant de nulle part mais chargés de pluie, de cette pluie grise semblant venir tout droit de la Tamise anglaise et fumée de brouillard;

Il me semble avoir aperçu la façade de l'immeuble escaladée par les nuages arrivant de nulle part mais chargés de pluie, de cette pluie grise semblant venir tout droit de la Tamise anglaise et fumée de brouillard; c'était pour me cacher sans le passé, l'abruptitude contemporaine fragmentée de mes misères sentimentales

Il me semble avoir aperçu la façade de l'immeuble escaladée par les nuages arrivant de nulle part mais chargés de pluie, de cette pluie grise semblant venir tout droit de la Tamise anglaise et fumée de brouillard; c'était pour me cacher sans le passé, l'abruptitude contemporaine fragmentée de mes misères sentimentales et me cacher à moi-même mon inaptitude à ce monde moderne et froid.


Site créé gratuitement grâce à OnlineCreation.me

Design by Graph&Art - Tous droits réservés