Alertoplum

10 mots français

Les dix mots de la langue française…

(agapes, avec, complice, cordée, fil, choeur, main, réseauter, accueillant, harmonieusement)

 

    

 Que faisait donc Olivier, ce jour-là, Boulevard Raspail ?

       (à la manière des Excercices de style de Queneau)

 

Je l’ai vu au coin de la rue du Bac …cette rue que j’emprunte si souvent. Alluré, toujours nonchalant il semblait chercher un complice. Avait-il quelques velléités de faire des agapes dans ce quartier ? Avec qui ? Tiens, tiens, il a les moyens, mine de rien. Il n’a tenu qu’à un fil que je ne le dépasse et j’aurais pu lui frôler la main. Je le sais accueillant, il me proposerait sans doute, de déambuler dans ce quartier où quelquefois le chœur du couvent de la médaille miraculeuse fait harmonieusement entendre des cantiques jusque sur les trottoirs. Ces sœurs-là sont des championnes pour réseauter, on peut leur faire confiance, elles gagnent un argent fou avec leur quincaillerie mais me voilà prisonnière des gentilles sœurs en procession, attachées les unes aux autres comme dans une cordée … Olivier en a profité pour disparaître à l’anglaise… M.M.

 

 

« Que  faisait donc Olivier Boulevard Raspail en ce jeudi de décembre alors qu'il travaille en banlieue ? » me téléphona ma complice Aline qui me dit avoir  aussitôt réseauté l'information. Je n’ai pas pu lui répondre grand-chose. Que connaissais-je de lui en dehors de nos réunions d'association de musiciens où il se montrait très chaleureux, accueillant et compétent ? Et pourquoi Aline s'en étonnait-elle ? Elle avait un peu plus que moi accès à son intimité…

Je me souvins qu'à la dernière réunion, il avait de façon très furtive évoqué la possibilité de passer la main, un jour… Il en avait assez de courir de ci de là… Au cours des agapes qui avaient clôturé cette assemblée générale, lorsque j'avais tenté d'approfondir le sujet,  il esquiva la réponse en entonnant une chanson reprise en chœur, assez harmonieusement, il faut bien le dire, par l'ensemble des participants. Mains nouées nous avons fait une chaine amicale comme une cordée, penchée tantôt à bâbord tantôt à tribord. Ainsi se clôtura la soirée dans l'entente et la bonne humeur. Même si le fil de notre conversation avait été coupé, j’avais un très bon souvenir de ce moment-là. Tout à coup, en me remémorant ces instants harmonieux je m'aperçus que je l'aimais beaucoup, beaucoup plus que je n'aurais dû… J’avais chaud, je m’essuyais le front avec mon mouchoir. Ma parole, j’en étais amoureuse. Comment l’avouer à Aline ? Mais, c’est vrai,  que faisait donc Olivier, Boulevard Raspail en ce froid jeudi de décembre ? Ma

 

 Que faisait Olivier boulevard Raspail ? Mais il allait à l'épicerie du  Bon marché pour y acheter du thé et des macarons

Pour les agapes de ces amis musiciens du chœur Saint-Saëns. Soit dit en  passant, s'il avait pris le 63 ou le métro (Sèvres-Babylone), il  n'aurait pas été obligé de faire à pied le chemin du Bd Raspail  jusqu'à la rue de Sèvres. Ce n’est quand même pas la traversée de l’Everest, on n’a pas besoin d’être premier de cordée pour y arriver. Enfin, il devait penser à autre chose, sans  doute à sa sœur, la belle Aude, sa complice aux bras blancs et au mariage de celle-ci avec Roland. C'est toujours la même chose si tout le monde s'occupait un peu moins des affaires des autres, le monde irait bien mieux. Chacun ferait moins de commentaires inutiles Le fil du temps et le monde pourrait se dérouler plus harmonieusement. Sans compter qu'à la maison des thés, il aurait sans doute  payé moins cher un thé tout aussi goûteux, avec des serveurs accueillants, aux mains gantées de blanc Enfin, au moins la prochaine fois il saura. Pas besoin de réseauter toute la nuit sut Internet pour avoir les meilleures adresses de fabricant de macarons. Tout le monde sait ça.  X

 

 

Ce que faisait Olivier boulevard Raspail ? Il venait chez moi. Afin de réseauter avec nos amis communs, j’avais suggéré à mon amie Blanche de m’éclairer quelque peu sur les activités qu’Olivier entreprenait. Dans mon for intérieur je les souhaitais teintées d’illicite car j’aurais aimé travestir cet ami bien sous tout rapport, et ceindre du costume de gentleman peu recommandable cet homme qui plaisait à tout le monde. Je pris donc ma plus belle plume pour le convier à un diner en tête à tête… mais j’avais prévu d’être en compagnie de mes chères complices habituelles. Olivier reçut le bristol avec grâce et quand il se présenta ce soir-là, l’invitation à la main, comme convenu, mon sourire accueillant ne lui laissa rien deviner de mes desseins. Bien plus tard dans la soirée, je dus constater que j’étais prise à mon propre piège : Au milieu des agapes, Olivier proposa à l’assemblée quelques jeux littéraires lancés à la volée. Le fil qui le reliait harmonieusement à la gente féminine ne fit plus aucun doute. Chaque mot de lui rebondissait sur les lèvres d’une beauté qui l’adressait à une autre jeune fille comme si elle tendait la main dans la franche camaraderie d’une cordée sur les pics vertigineux. Toutes lui répondaient avec une infinie douceur comme des choristes s’épanouissant sous la baguette de leur chef de chœur adoré. Sa partition était savante. Bien prise qui croyait prendre. Il était là, gracieux, me jetant le petit regard ironique du gentleman qui sait se défaire des oripeaux dont la médisante Célimène que j’étais aurait voulu le travestir L.N.

 

Que faisait donc Olivier, ce jour-là, Boulevard Raspail ? Moi je le sais. Il ne m’a pas vu mais je dînais à une terrasse avec mon chef de chœur et quelques choristes après la répétition épouvantable du Requiem de Cherubini. Comme ces agapes duraient et que c’était un véritable supplice d’entendre caqueter ces grosses don-dons d’altos, j’ai décroché des conversations et j’ai observé la rue. Et c’est là que je l’ai vu. Je m’apprêtais à lui faire un signe ou même à le rejoindre quand j’ai vu venir à lui une femme imposante et blonde par-dessus le marché. Je ne voudrais pas médire mais c’était une drôle de poule. Au premier coup d’œil j’ai bien vu qu’elle ne savait pas manier les couleurs harmonieusement. Elle était boudinée dans un col roulé jaune et portait une jupe rouge au dessus du genou, à son âge ! Il faut bien reconnaître que malgré sa démarche d’otarie il se dégageait d’elle une certaine autorité de cheftaine ou de première de cordée. Les seins en avant, les fesses en arrière, elle lui a lancé un coup d’œil complice et s’est jeté sur lui pour l’embrasser. Le pauvre ! Il s’est reculé et lui a simplement tendu la main. Accueillant ce geste avec une moue de désapprobation elle lui a roulé des yeux globuleux et s’est vite ressaisie. Elle lui a annoncé quelque chose. Je n’ai pas pu suivre le fil de leur conversation, j’étais trop loin. Il faisait une tête ! Elle est repartie en balançant ses énormes hanches et je peux te dire qu’il n’est pas parti avec elle. Je me demande si ce n’était pas la principale du collège où il enseigne la musique. Je ne sais pas ce qu’elle lui a annoncé mais ça n’avait pas l’air d’être une bonne nouvelle… on se réseaute pour se tenir au courant. O

 

Je garde des contacts avec mes anciens collègues du Ministère de L’Education Nationale. Comme j’ai de nombreux petits-enfants il est important de réseauter car je peux, au besoin, d’un coup de main, ou plutôt d’un coup de fil, leur faire intégrer un meilleur lycée. Je me rends au Ministère toujours avec plaisir. Je suis restée très complice et je suis toujours invitée à partager les agapes de mes collègues accueillants et chaleureux. Et ce jour là en rentrant chez moi j’ai vu Olivier, Boulevard Raspail, au milieu d’un chœur de filles qui l’entourait harmonieusement. Le feu passa au vert. Je m’arrêtais et vis tout le groupe s’ébranler, les jeunes-filles se tenant par la main comme une cordée et le bel Olivier, en tête de cette jolie cohorte. Je fermais les yeux un instant. Quand je les rouvris je m’aperçu que les jeunes-filles devaient être ses élèves et qu’ils faisaient ensemble une sortie de classe. Je souris intérieurement. Ah ces vieux fantasmes… C

 

Que faisait donc Olivier, ce jour-là, Boulevard Raspail ? Il m’avait pourtant dit au téléphone qu’il était à Toulouse pour une répétition de La belle Ariane, opéra dont il dirige le chœur comme il dirige le mien. Je rage. Je m’énerve. Je perds le fil de mes pensées et risque de me faire dévorer par le Minotaure de la jalousie. Son train, à la gare Montparnasse partait à 15h32, même en imaginant qu’il ait un peu traîné aux agapes il ne peut pas avoir manqué cette répétition si importante pour lui…. Ou alors… il aurait fallu une bonne raison pour rester avec…  Qui ? Qui est sa complice ? La fameuse Aline ? Je croyais qu’il avait rompu. Je me ferai un plaisir de les prendre la main dans le sac. Je sais bien qu’Olivier est très accueillant, c’est même un euphémisme de dire ça… Boulevard Raspail ? Quelle Ariane l’entoure harmonieusement de ses longs cheveux au point d’en faire une cordée pour le faire grimper aux rideaux? Ah que je suis malheureuse ! Quand je le voyais penché sur son ordinateur pendant des nuits entières il me disait qu’il aimait à réseauter sur la toile. Je t’en fiche ! C’était des plans pour les sauter et les re-sauter toutes ces nanas… J.B

 

Que faisait donc Olivier, ce jour-là, Boulevard Raspail ? se disait Aline, son amante, sa complice qui l’excusait toujours quand il faisait partir les ténors cinq minutes en retard dans le dernier Chœur de Cherubini. A qui pouvait-elle passer un coup de fil pour savoir si c’était bien lui qu’elle venait de voir sauter harmonieusement de l’autobus. Cet homme, celui qu’elle suivait pour en avoir le cœur net, avait la même démarche de danseur russe qu’Olivier. Il avait, tout comme lui, une telle virtuosité à se mouvoir qu’on le suivait, pris dans une cordée invisible, quitte à escalader des montagnes impossibles ! L’homme sentant qu’on le suivait se retourna. Ce n’était pas Olivier. Il lui tendit la main, le sourire accueillant. Et s’écrira gaiement : « Vous avez le temps de prendre un petit café ? » Aline rougit. Elle sentit son cœur sauter dans sa poitrine et tous ses nerfs se réseauter à l’émotion nouvelle qu’elle ressentait. Et elle se dit avec un soupçon d’hypocrisie, qu’elle ne resterait pas des heures en compagnie de l’inconnu pour des agapes tarabiscotées, donc elle ne risquait pas grand-chose… puisque ce n’était pas Olivier, qui ce jour-là, était Boulevard Raspail. Mo

 

l’atelier des Plumes alertes/Alerte aux plumes

Bravo à MarieMad qui a eu les honneurs de la presse Lyonnaise pour son texte sur Olivier et le Boulevard Raspail !

 


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